AGGRESSIVE INTIMACY, DIGRESSIVE EMOTIONALITY by SANTI OLIVERI
2011, English & French
Santi Oliveri is a project manager in information networks & technologies and a photographer.
Written for the exhibition “Dissecting & Patching” which took place between 12 May and 13 June 2011 at Galerie Vol de Nuits, Marseille/FRA.
The works proposed by Yusuf Sevinçli and Gözde Türkkan and selected by Ali Taptık, are a pure concentrate of emotional instability: just stop in front of them to sink into an excessive and mutable emotional experience, as a result of an unstable identity. We finally cross the photography borders ans get, through the extreme approach of the artists, almost to hit psychoanalysis.
The works of Gözde Türkkan are visibly marked by a sort of reverse voyeurism, a scopophilia of the self. The artist shows through her pictures the morbid delight at being observed, at the extroversion of the intimacy. This is not necessarily an act of honesty or made in order to open her privacy to the world, but rather a conscious display of her desire, of her own libido. Narcissism this time ceases to have the self as a center of interest to move to the other. The result is a distorted perception of this self that manages to be subdued only in part by the mediation of photography, that ends up becoming a sort of psychoanalysis. The intimacy quit the private sphere to becomes a means of aggression, fighting, a martial art capable of hitting straight to the bowels.
If the instability of Gözde is purely emotional, Yusuf Sevinçli’s one is even physical. Yusuf does not linger. He walks, he explores, he observes, he shoots and he leaves again. He collects almost obsessively scraps of reality which are always different, but they can finally find an analogy and eventually become a series of images. It ‘s a picaresque concept of photography, almost homeless, which rejects the stability and serenity of a home, albeit virtual, embracing instead the road and the people, animals (from dogs to insects), objects that live in it and make it alive. Subjects become patches that eventually assemble together to reveal a texture, which is the representation of reality through the artist’s eye. Emotionality digress the beaten tracks and take the street, returning us its true essence.
Les oeuvres qui nous sont proposées par Yusuf Sevinçli et Gözde Türkkan et sélectionnées par Ali Taptık, sont un pur concentré d’instabilité émotionnelle: il suffit de s’arrêter face à elles pour sombrer dans un vécu émotionnel excessif et mutable, fruit d’une identité instable. Le résultat est un voyage aux limites de la photographie qui nous emmène, à travers l’approche extrême des artistes, à franchir ces limites pour pénétrer presque la psychanalyse.
Les travaux de Gözde Türkkan sont visiblement marqués par une sorte de voyeurisme à l’envers, une scopophilie du soi-même. L’artiste montre à travers ses clichés le plaisir morbide d’être observés, de l’extraversion de l’intime. Il ne s’agit pas nécessairement d’un acte de sincérité ou d’ouverture vers le monde de sa sphère privée, mais plutôt d’un étalage conscient de son désir, de sa propre libido. Le narcissisme cette fois cesse d’avoir comme centre d’intérêt le soi pour se transférer à l’autre. Le résultat est une perception altérée du soi qui parvient à être maîtrisée en partie seulement par la médiation du moyen photographique, ce qui finit par devenir une sorte de psychanalyse. L’intimité sort de la sphère privée et devient un moyen d’agression, de combat, un art martial capable de frapper droit au ventre.
Si l’instabilité de Gözde est purement émotionnelle, celle de Yusuf Sevinçli est même physique. Yusuf ne s’attarde pas. Il marche, il explore, il observe, il déclenche et il part à nouveau. Il collectionne presque de façon obsessionnelle des bribes de la réalité toujours différents, mais qui finissent par trouver une analogie et enfin devenir une série d’images. C’est un concept de la photographie picaresque, presque homeless, qui rejette toute stabilité et sérénité de la maison, bien que virtuelle, épousant à sa place la rue et les gens, les animaux (des chiens aux insectes), les objets qui y habitent, la rendant vivante. Les sujets deviennent morceaux qui finissent par s’assembler entre eux en révélant une texture, qui est la représentation de la réalité à travers l’oeil de l’artiste. L’émotivité digresse des chemins traditionnels et descend dans la rue, en nous en restituant son essence.